
CUSCO
Cusco : c'est le nom donné à la "Salle médico-carcérale" de l'Hôtel-Dieu, à Paris, où sont placés les gardés à vue dont l'état de santé nécessite une hospitalisation. Ils sont 1.000 par an. Trois quarts de malades victimes de pathologies comme le diabète ou l'hypertension, un quart de ceux que l'on appelle ici les "bouletteux", ces mules venues d'Afrique ou d'Amérique du sud le ventre chargé de cocaïne pure.
Un lieu où se croisent le monde médical, judiciaire et policier.
Un lieu de solitude, hors du temps.
Reportage réalisé dans le cadre du tournage de "Garde à vue à l'hôpital", un documentaire de Dominique Lenglart, diffusé en 2012 sur France 5.
Un lieu où se croisent le monde médical, judiciaire et policier.
Un lieu de solitude, hors du temps.
Reportage réalisé dans le cadre du tournage de "Garde à vue à l'hôpital", un documentaire de Dominique Lenglart, diffusé en 2012 sur France 5.


Les policiers refusent qu'on montre leur visage. Ils cachent souvent leur véritable activité dans leur quartier. Ils craignent des représailles.

Le chef de poste. Les policiers appartiennent à la Compagnie de garde du Dépôt, dont Cusco est l'annexe médicalisée.

9 chambres-cellules sont disposées de part et d'autre du couloir central.

Les porteurs de boulettes in corpore sont surveillés, 24h/24, par un policier posté. Leur porte reste constamment ouverte, contrairement à celle des autres prévenus, qui sont enfermés.

Le médecin fait sa tournée le matin avec un interne. Le temps des consultations, il devient auxiliaire de justice. Mais reste fidèle au serment d'Hippocrate.

Ce sans-papiers a avalé une lame de rasoir au Centre de rétention de Vincennes. Il insulte et crache sur les policiers, qui tentent de le maitriser.

Les policiers lui fixent des courroies de contention, après accord du psychiatre. J'apprendrai ensuite qu'il a traversé la Méditerranée en barque, ils étaient 19 dont son petit frère qu'il a entrainé, il est le seul rescapé. Sa mère ne veut plus le voir.

Cet homme, arrêté en possession de 30 kg de cocaïne, partira en prison. Ainsi en décide le juge des libertés et de la détention à l'issue de cette audience qui réunit aussi procureur, avocat, traducteur et greffière.

Si une boulette éclate, c'est l'overdose et la mort quasi-immédiate. En cas d'occlusion intestinale, ils sont opérés.

Les bouletteux gagnent entre 2 et 3.000 euros par passage et risquent 2 à 3 ans de prison ferme. Ils agissent parfois sous la menace, souvent pour faire vivre leur famille.

L'OPJ, l'officier de police judiciaire, mène son interrogatoire dans la chambre de ce gardé à vue, et rédige son procès-verbal d'audition.

Il pèse les boulettes et en coupe une pour analyser son contenu. Dans le meilleur des cas, elles sont recouvertes d'un film en latex thermo-soudé. Parfois d'un simple adhésif. Elles ont été ingérées après avoir été plongées dans la cire pour faciliter le transit.

Elles sont placées sous séquestre. Le juge se déplacera ensuite pour décider d'une éventuelle mise en détention.

Le scan du ventre d'un Espagnol qui contient 24 boulettes. En moyenne, ils en transportent entre 70 et 80, l'équivalent d'un kilo, 112.000 euros.

Un scan de contrôle. Les porteurs de boulettes restent à Cusco jusqu'à leur évacuation totale.

Au menu ce soir : poireaux vinaigrette, tomates farcies, riz, fromage et pain.

Les journées s'écoulent lentement. Pas de télévision, pas de visites. Les malades sont souvent prostrés, victimes de la barrière de la langue.

Moment de pause pour l'aide-soignant.

